Santé

Aidants : « On a plutôt intérêt à bien les protéger ! »

5 minutes
Alors que la population française vit de plus en plus longtemps, et que nous sommes amenés à travailler de plus en plus tard, la question des aidants familiaux devient cruciale. Si c’est un enjeu de société, l’aide aux aidants est aussi un engagement fort de l’action sociale du Groupe APICIL.

Comment se saisit-il des problématiques des aidants ? De quels droits les assurés APICIL disposent-ils quand ils sont aidants ? Marie-Noëlle Point, spécialiste des aidants à l’action sociale d’APICIL répond à nos questions.

Pour commencer, pouvez-vous nous parler de l’action sociale d’APICIL ?

L’action sociale se divise en deux grands pôles. Pour les assurés salariés et les retraités, nous pouvons proposer des aides financières. Mais nous essayons toujours d’aller au-delà. Quand nous recevons des personnes, nous cherchons d’abord à déterminer quel est leur problème. Chaque demande d’aide est traitée de manière unique, chaque situation étant distincte, le service social reste à l’écoute des personnes en situation de fragilité.
En effet, les personnes peuvent être confrontées à une détresse financière mais également morale. L’écoute, le conseil et l’orientation auprès des dispositifs compétents constituent une bonne partie de notre action sociale

Le second pôle est plus orienté vers des actions collectives. Nous soutenons notamment la création d’établissements spécialisés : on en manque cruellement ! Nous intervenons auprès des entreprises dans le cadre de la Prévention santé : bilans de santé, dépistages…, mais aussi sur des sujets comme la perte d’autonomie de la personne fragilisée par la maladie ou le handicap, le soutien des aidants. Enfin, nous organisons des stages de préparation à la retraite, ou des journées d’information à destination des futurs retraités.

Dans tous les cas, la démarche peut être faite par l’assuré, qui va entrer directement en relation avec nous, ou par l’entreprise. Récemment par exemple, une entreprise nous a contactés parce que l’un de ses collaborateurs était en grande souffrance, et qu’ils ne savaient pas trop comment l’aider. Quel que soit ce qu’on fait au final, ce qui est important c’est de proposer un soutien, à la personne elle-même autant qu’à son employeur.

Qu’est-ce qu’un aidant ?

La loi définit un aidant comme « une personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap ».

Près de 11 millions de personnes en France sont aidantes aujourd’hui. On parle souvent d’aidants familiaux, mais cela n’est pas toujours le cas, il peut également s’agir d’un voisin par exemple.

Malgré ce nombre important, peu ont conscience de ce rôle qu’ils tiennent au quotidien. Se reconnaitre en tant que tel est primordial pour affronter les difficultés souvent provoquées par cette situation, que ce soit d’un point de vue social, professionnel et/ou sur la santé personnelle. L’impact n’est pas négligeable.

Veuillez accepter les cookies statistiques, marketing pour regarder cette vidéo.

Découvrez la vidéo d’APICIL pour soutenir les aidants

Comment expliquer le manque de reconnaissance dont souffrent les aidants ?

30% des aidants décèdent avant les aidés. C’est un chiffre énorme mais qui n’est pas étonnant. Un jour, j’ai rencontré un aidant qui avait fait le choix de placer sa femme, aidée, dans un EHPAD. Il venait de faire un AVC, et il m’a dit « comment est-ce que je fais si demain je ne peux plus du tout m’occuper de mon épouse ? ».

D’où la notion de répit, qui est essentielle…

C’est une question de santé publique ! S’il n’y avait plus d’aidants, la société serait obligée de porter les personnes aidées, et ça pourrait nous coûter une somme astronomique, jusqu’à 164 milliards d’euros. Nous avons donc plutôt tout intérêt à bien protéger nos aidants ! Prendre soin de soi c’est aussi pour mieux prendre soin de l’autre.

Seuls 46% des aidants ont conscience qu’ils sont aidants, qu’est-ce qui d’après vous, explique ce chiffre ?

Devenir aidant, c’est un phénomène de glissement. Vous vous rendez compte petit à petit que votre proche ne fait plus certaines tâches du quotidien, comme se laver par exemple. Donc vous commencez à faire à la place, vous accompagnez. C’est progressif, ou dans le cas d’un accident, cela peut arriver d’un coup. Les aidants ne peuvent pas forcément prendre le recul nécessaire. Le deuil est un séisme émotionnel, mais devenir aidant en est un aussi. Aider son proche c’est souvent « naturel ».

Les aidants en chiffres

+11 millions de français aident un proche

61% sont actifs

57% sont des femmes

16 % consacrent au moins 20 heures par semaine en moyenne à leur(s) proche(s)

L’aidant a majoritairement entre 50 et 64 ans

58 % aident un proche en situation de dépendance due à la vieillesse

44 % font part de difficultés à concilier leur rôle avec leur vie professionnelle

31 % des aidants délaissent leur propre santé

54 % n’ont pas conscience de leur rôle d’aidants

Comment peut-on accompagner un proche aidant, surtout quand il n’a pas conscience de ce statut ?

C’est à ce moment-là que la notion de répit prend tout son sens. Dès qu’il est possible de souffler un peu, alors vous réalisez tout ce que vous faites. Le soutien psychologique peut-être essentiel. Les groupes de parole permettent d’échanger avec des personnes vivant des situations semblabes, et peuvent aider à prendre conscience de son rôle, mais aussi de prendre la distance nécessaire avec l’aidé.

Chaque personne trouvera sa propre solution de répit en fonction de sa situation et celle de son proche. Il peut s’agir de la participation à des ateliers collectifs ou des moments individuels, de l’aide à domicile supplémentaire, du relayage à domicile durant quelques heures ou plusieurs jours, du matériel technique adapté, un cours de sophrologie, une formation, des vacances adaptées, un accueil de jour, etc. Les services sont nombreux mais pour les saisir il faut en avoir conscience et connaissance.

Dans tout ce qui existe et qui peut être proposé, c’est difficile de s’y retrouver…

Notre action sociale soutient des initiatives et solutions sur le terrain afin de répondre aux nombreux besoins existants. Nous proposons également une aide exceptionnelle individuelle soumise à certaines conditions pour lever le frein financier dans la mise en place de la ou les solutions choisies. C’est un point essentiel car l’aidant peut rencontrer des difficultés sur ce plan-là ; il peut parfois avoir en charge la gestion budgétaire de son proche et pallie souvent un manque.

Les aidants peuvent aussi contacter l’Association Française des Aidants. Nous avons par exemple participé au financement de la formation en ligne qu’ils proposent. C’est un module d’accompagnement en ligne, qui permet de se sensibiliser, sans avoir à sortir de chez soi, et donc sans avoir à trouver des solutions de garde pour son aidé.

La métropole aidante est un lieu ressources pour toutes les personnes de la métropole de Lyon pour accéder aux services, informations et conseils du territoire, elle dispose également d’un site internet et d’une ligne téléphonique.

Par ailleurs, pour faciliter l’orientation des aidants parmi la multitude d’acteurs, de services et d’informations existantes, la fédération Agirc-Arrco a créé un service digital national « Ma Boussole Aidants » qui centralise l’accès aux informations et aides disponibles en proximité pour les aidants et leurs proches en fonction de leur situation.

Aidants familiaux : et si vous vous accordiez des instants de répit ?

Le Groupe APICIL a fait de l’aide aux aidants un axe prioritaire de son action sociale.

Les séjours réalisés dans la Maison de répit de la métropole de Lyon et dans la quarantaine de maisons d’accueil hospitalières adhérentes à la FMAH* sont désormais pris en charge par les nouvelles offres “mutuelle 100 % santé”.

Notre engagement est de toujours soutenir les aidants et innover dans ce domaine.

Pour en savoir plus : le communiqué de presse du Groupe APICIL

 

*Fédération des Maisons d’Accueil Hospitalières